Culte Pâques

Culte audio-visioconférence de Pâques 12 avril 2020

Pasteure Marie-Pierre Cournot

Matthieu 28,1-10

Comme on a dit « Je suis Charlie », nous pouvons dire « Je suis Marie ».
Ce matin nous sommes tous et toutes ces deux Marie, Marie de Magdala, qu’on appelle aussi Marie-Madeleine, et l’autre Marie, probablement la mère de Jacques et Joseph dont Matthieu a parlé juste avant.
On est devant le fait accompli.
L’ange-Dieu, parce que cet ange du Seigneur, c’est Dieu lui-même a n’en pas douter. C’est le même ange-Dieu, toujours appelé ange du Seigneur pour le différencier des anges tout court, qui, à l’autre bout de l’évangile de Matthieu, vient visiter Joseph pour lui annoncer que sa femme, encore une autre Marie, enfantera celui que l’on appellera « Dieu sauve », c’est-à-dire Jésus.
L’ange-Dieu, donc, roule la pierre et s’assied dessus pour que personne ne puisse plus jamais la refermer. Pour que le monde entier sache à jamais que le tombeau est vide, pour que l’on ne puisse pas passer devant sans voir cette folie, ni la cacher derrière une grosse pierre.
On aimerait bien parfois la refermer pour ne pas se confronter à cette réalité impossible, insondable. Mais le tombeau est vide. Jésus n’est plus dedans et on ne sait pas ce qui s’est passé. On ne saura jamais.
Cette question, cette incertitude, c’est une énigme qui se love dans notre foi. Elle nous donne du fil à retordre.

L’ange-Dieu dit : « Vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité des morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez.” Voilà, je vous l’ai dit. »
Voilà je vous l’ai dit. Tout est dit. Et pourtant nous voudrions tant qu’on nous en dise encore. Que l’on parle à notre raison, comprendre ce qui s’est passé. Que l’on m’explique comment Jésus est ressuscité. Pourquoi.
Que l’on parle à ma foi, croire que cet événement est le début de mon histoire. Que l’on me dise comment ma vie est transformée par cette expérience que je n’ai pas vue, pas vécu.
Ou plutôt par ce non-événement. Ce coup de théâtre qui n’existe qu’en creux, dont la trace n’est que du vide, le vide d’un tombeau à jamais béant, le vide d’une histoire à écrire.
La nôtre sans doute.

Le but de cette fête de Pâques, c’est de nous expulser de ce tombeau. Si Jésus en est sorti, ce n’est pas pour que nous nous y perdions à essayer de comprendre ou d’y croire. On pourrait assez facilement rester bloqués dans ce puits sans fond qu’est ce tombeau vide. Mais l’ange-Dieu nous en chasse en disant « Vite, allez dire … »
Vite … Il est urgent de quitter la place, de partir. La vie est ailleurs. Non seulement hors du tombeau, mais loin, en Galilée. L’ange-Dieu le dit aux femmes, Jésus le leur répète trois versets plus loin. Pas moyen d’y échapper.
Nous qui voulions rester sur place, c’est raté ! Il faut bouger, partir en voyage, rencontrer d’autres personnes, leur parler et revisiter avec eux elles contenu de notre foi.
La résurrection de Jésus tient du road-movie. Avec un passage obligé par la Galilée, là où Jésus nous précède.
Bien sûr qu’il nous y précède, il y était bien avant nous. Il s’y est établi avec ses parents, à Nazareth, au chapitre 2 de l’évangile de Matthieu, au retour du voyage en Égypte entrepris pour, déjà, lui sauver la vie, quand le roi Hérode avait ordonné de tuer tous les enfants de Bethléem de moins de 2 ans.
C’est là qu’il nous donne rendez-vous, au chapitre 2 de cet évangile, là où va commencer son histoire publique. On peut donc repartir 26 chapitres en arrière, et ré-explorer une nouvelle fois ces sentiers tortueux où se nourrit notre foi.
On a beau y repasser plusieurs fois, ce n’est jamais pareil. On peut y faire de belles rencontres : c’est en route que les deux Marie rencontrent Jésus qui vient vers elles. Il leur rappelle la destination du voyage, la Galilée. Pas moyen d’y échapper !
Il faut repartir à notre point de départ et sans cesse revenir sur nos pas. Rien n’est jamais acquis. Rien n’est jamais sûr, jamais définitif.
C’est une des grandes leçons de ce matin de Pâques, alors qu’on croit que ça y est, que tout est arrivé ou tout est fini, quelque chose s’est produit qui va tout désenclaver et nous remettre en route !
Certes la résurrection de Jésus s’est produit il y a 20 siècle, pour les femmes qui l’ont vécue ça a dû être quelque chose de choquant, mais pour nous, c’est à peine un événement, ce n’est qu’un grand vide qui nous oblige à revenir en arrière.
L’événement, ce qui compte vraiment, il est encore à venir pour nous. La résurrection de Jésus est une expérience quotidienne, qui se façonne au jour le jour.
Revenir au début de l’évangile pour en être acteur, pour le réécrire dans nos vies. Pour le vivre. Ce n’est que dans ce travail acharné, dans ce sillon que l’on creuse avec assiduité que la rencontre se fait.
Dans cette rencontre, Jésus a cette parole étonnante : « Je vous salue », littéralement « Réjouissez-vous ! », c’est ainsi que l’on se saluait à l’époque. Il enchaîne « Soyez sans crainte ». L’ange-Dieu avait déjà dit « Soyez sans crainte ».
L’autre leçon de ce matin de Pâques, c’est que la résurrection de Jésus est un sujet de joie, quelque chose qui nous rassure. Parce qu’il nous donne rendez-vous. Parce qu’il sera là pour nous, qu’il viendra à notre rencontre comme à celle des deux Marie.
Parce qu’il nous précède dans notre voyage personnel, il éclaire notre chemin, ne nous quitte pas.
Cela nous permet d’être joyeux comme quand on part en voyage avec un ami de confiance pour découvrir de nouveaux horizons.

La résurrection de Jésus, ça veut dire que quelqu’un est sorti de son tombeau pour venir me dire tous les jours de ma vie une chose extraordinaire : « sois heureux car je te fais confiance ! ».

Amen

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