Culte du 9 mai 2021
Exode de 31,18 à 32,14 :
Lorsqu’il eut achevé de parler à Moïse, au mont Sinaï, il lui donna les deux tablettes du Témoignage, les tablettes de pierre écrites du doigt de Dieu. Le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne ; alors le peuple se rassembla autour d’Aaron et lui dit : « Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ! Car ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter d’Égypte, nous ne savons pas ce qui est advenu de lui ! »
Aaron leur dit : « Enlevez les anneaux d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi. » Tous les gens du peuple enlevèrent les anneaux d’or qui étaient à leurs oreilles et les apportèrent à Aaron. Celui-ci prit l’or de leurs mains, le façonna au burin et fit un taurillon de métal fondu.
Puis ils dirent : « Voici tes dieux, Israël, ceux qui t’ont fait monter d’Égypte ! » Lorsque Aaron vit cela, il bâtit un autel devant le taurillon et s’écria : « Demain, il y aura une fête pour le SEIGNEUR ! »
Le lendemain, ils se levèrent de bon matin, ils offrirent des holocaustes et présentèrent des sacrifices de paix. Le peuple s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour s’amuser.
Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple, celui que tu as fait monter d’Égypte, s’est perverti. Ils se sont bien vite écartés de la voie que je leur avais prescrite ; ils se sont fait un taurillon de métal fondu, ils se sont prosternés devant lui, ils lui ont offert des sacrifices et ils ont dit : Voici tes dieux, Israël, ceux qui t’ont fait monter d’Égypte ! »
Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple rétif. 10Maintenant, laisse-moi faire : je vais me mettre en colère contre eux, je les exterminerai, et je ferai de toi une grande nation. »
Moïse chercha à apaiser le SEIGNEUR, son Dieu ; il dit : « SEIGNEUR, pourquoi te mettre en colère contre ton peuple, alors que tu l’as fait sortir d’Égypte par une grande puissance, par une main forte ? Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : ‘‘ C’est pour leur malheur qu’il les a fait sortir : c’est pour les tuer dans les montagnes et pour les exterminer, pour les faire disparaître de la terre ! ’’ Reviens de ta colère ardente, renonce au mal que tu voulais faire à ton peuple ! Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, tes serviteurs, auxquels tu as dit, en faisant un serment par toi-même : ‘‘ Je multiplierai votre descendance comme les étoiles du ciel, je donnerai à votre descendance tout ce pays dont j’ai parlé, et ce sera son patrimoine pour toujours. ’’ »
Alors le SEIGNEUR renonça au mal qu’il avait parlé de faire à son peuple.
Prédication par la pasteure Marie-Pierre Cournot :
Qu’attendez-vous de Dieu ?
Un certain nombre d’entre nous peuvent faire une longue liste de ce qu’ils espèrent de Dieu et qui ne vient pas : une belle vie, une belle mort, le bonheur pour ses proches, la santé, du travail, un conjoint, un enfant …
D’autres parmi nous, peut-être plus pragmatiques, diront : « Le plus simple c’est de ne rien attendre de Dieu, comme ça au moins on n’est pas déçu ! »
Et bien le peuple qui marche dans le désert, lui ne croit pas à un Dieu lointain et indifférent.
Le peuple croit à un Dieu présent parmi eux, un Dieu qui les écoute et qui leur montre le chemin et marche avec eux.
Ce Dieu ils l’ont, ce Dieu qui selon ses propres paroles « demeurera parmi eux » (Ex 25,8).
Mais cela ne leur convient pas, ce Dieu n’est pas assez là, pas assez comme eux, pas assez à partager la galère de ces années dans le désert.
D’ailleurs, Dieu n’a plus donné aucun signe depuis 40 jours, son émissaire Moïse non plus !
Le peuple ne sait pas ce qui se passe.
C’est intolérable pour eux.
Sans Moïse, sans Dieu, ils se sentent seuls et abandonnés.
Ils se demandent : Est-ce que Dieu va bien ? Est-ce que Dieu est toujours Dieu ?
Est-ce qu’il s’intéresse toujours à nous ? Est-ce qu’il va toujours exaucer nos prières ?
Et si Dieu ne s’intéresse pas à nous, alors à quoi bon croire en Dieu ?
C’est difficile et parfois angoissant de devoir affronter tous les problèmes de la vie, les complications quotidiennes et les drames plus exceptionnels, et tout cela sans savoir où est Dieu ni s’il se préoccupe de nous.
À quoi sert un Dieu si on ne peut pas l’avoir sous la main quand on en a besoin ?
Le peuple dans le désert, vit difficilement et douloureusement cette absence de Dieu, et demandent à Aaron : « Fabrique-nous un dieu qui marche devant nous »
Leur dieu, ils le veulent en chair et en os, si je puis dire, devant eux, à les guider. Ils ne veulent pas d’un dieu absent, qui ne donne pas signe de vie et ne répond pas à leurs inquiétudes.
Représenter un dieu sous forme de taureau était habituel à l’époque, là il n’inventent rien.
Une statue qui rendra Dieu présent, qui sera la présence de Dieu, une statue qui sera Dieu.
Et ils croient que leur taureau en or va marcher devant eux, ils croient qu’il va exaucer leurs prières, ils croient qu’il va les conduire vers un pays et une vie de bonheur.
Ils croient que l’animal doré va les aimer.
Un taureau en or, ça, c’est du solide ! C’est du lourd !
On peut le voir, le toucher, le soupeser.
Ce n’est pas comme notre Dieu dont on ne sait ni où il est, ni comment il s’appelle, ni à quoi il ressemble !
D’autant que pour construire ce taureau ils auront fait des sacrifices. Ils se seront dépouillés de leur richesse et ils auront dépouillé leurs enfants !
Ils prennent leurs boucles d’oreille et celles de leurs enfants pour fabriquer le nouveau dieu.
Je suis sûre que le fait que cela leur ai coûté, leur fait apparaître cette statue, ce dieu, encore plus estimable et précieuse.
Et nous alors, est-ce qu’on voudrait aussi le toucher et le voir notre Dieu ?
Parfois on ne sait plus très bien.
Quand on voit comment va notre monde, comment va notre vie, on ne sait plus très bien si Dieu est parmi nous, s’il nous aime, s’il va nous écouter et nous guider.
Est-ce qu’on voudrait un dieu qui soit présent physiquement parmi nous et qu’on n’ait pas à attendre ?
Un Dieu qui nous ai coûté ? Un Dieu dont on pourrait être fier ?
Un dieu magnifique, brillant, un dieu qui pèse lourd ?
Le problème avec cette statue ce n’est pas qu’elle soit en or.
S’ils font cette statue en or, ce n’est pas pour dire qu’ils vénèrent la richesse et qu’ils mettent l’argent, en l’occurrence l’or, au rang de Dieu.
Non, c’est pour que la statue de dieu soit belle et digne d’un dieu magnifique.
Plus la statue sera belle et rutilante, plus le dieu qu’elle incarne sera fort et tout puissant.
D’ailleurs dans les plans que Dieu est en train de donner à Moïse pour construire son sanctuaire, il y a beaucoup d’or, plus on s’approche du lieu le plus sacré du temple plus il y a de l’or.
Le problème ce n’est pas l’or.
Le problème c’est que cette statue a été fabriquée par un humain avec des matériaux fournis par des humains.
Ce n’est rien d’autre finalement que des bouts de métal, certes précieux, mais des bouts de métal travaillés par une main humaine.
Or Dieu, ce n’est pas cela.
Ce n’est pas ce que l’on fabrique ou que l’on décide soi-même.
Dieu c’est ce qui, justement, nous tire en dehors de nous, ce qui nous permet de sortir de notre moi, pour prendre du recul, pour nous donner un autre regard.
Un autre regard sur les autres, sur soi, sur l’avenir, sur la vie …
C’est ce qui nous permet de mobiliser des ressources dont on ignore complètement d’où elle viennent !
Parce que les seuls forces humaines ne suffisent pas pour lutter conte les vents et les marées et pour avancer dans la vie.
Dieu c’est ce qui nous sort de notre humanité, pour nous décentrer et nous recentrer loin de toute fabrication humaine fût-elle en or.
Dieu ne nous a rien coûté.
Il ne nous doit rien.
Par contre ce qui nous coûte c’est de le suivre, de lui faire confiance.
Malgré son absence et bien qu’il ne pèse pas lourd.
Et pourtant Dieu est présent, il demeure avec nous.
Pour nous le prouver, pour partager au plus près et au plus visible notre vie humaine, il s’est incarné en un être humain Jésus.
Mais même Jésus est parti.
Pour éviter que nous ne soyons comme le peuple à nous fabriquer des idoles que nous pourrons maîtriser.
Et dans cette distance physique que Dieu maintient avec nous, se glisse toute sa présence bien plus authentique et solide.
Au lieu d’une relation nez à nez avec Dieu, dans cette distance, s’ouvre le champ de la relation à l’autre.
C’est là que la rencontre avec Dieu s’opère.
Dieu bouscule nos veaux d’or, il nous ébranle aussi dans pas mal dans nos certitudes.
Ne soyons pas comme le peuple dans le désert et ne décidons pas nous-mêmes où est Dieu de peur qu’il nous échappe.
Notre attachement à Dieu se mesure à notre capacité à créer l’espace nécessaire à l’arrivée d’autres êtres humains pour habiter notre lien avec Dieu, qui sinon se vide de son sens et devient mort, comme quand on a du métal froid collé devant le nez.
Se décoller de Dieu, se détourner de son image, de la représentation que l’on s’est faite de lui, même si elle nous a coûté, pour l’habiter de vies humaines.
Dieu se fait ainsi présent pour nous.
Dans le souvenir vivant de Jésus, chacun devient un visage de Dieu dès que quelqu’un le regarde.
Frères et sœurs, pas besoin de veau d’or.
Vous pouvez avoir la certitude que Dieu est présent parmi nous.
Et par le don de son fils, Dieu renouvelle à notre égard l’assurance qu’il est là.
Amen.
