Luc 15, 1-10
« Pourquoi nous sommes uniques et pourquoi notre vocation, c’est de quitter notre Église »
Chers amis, frères et sœurs,
Qui ne connait l’histoire de la petite brebis égarée ?
Mais est-ce la brebis ou le mouton ?
Je vous propose de voir d’abord comment nous sommes tous pour Jésus le seul être au monde.
Et ensuite que notre vocation , c’est de quitter notre Église.
Revenons à la petite brebis.
Beaucoup de tableaux de cette scène représentent Jésus ; parce que le berger, c’est une image de Jésus ; allant chercher sa jeune et frêle brebis tombée au fond d’un ravin, ou bien en bas d’une chute d’eau ou encore sur le point de se faire dévorer par un loup ou un rapace.
La brebis s’est mise, ou se retrouve, dans une situation désespérée.
Elle est en pleine épreuve, elle est seule pour traverser ces terribles moments et ne peut compter sur aucun de ses semblables pour la secourir ni la soutenir : aucune des autres brebis du troupeau ne semble se préoccuper de son sort.
Et puis il y a Jésus, Jésus change tous ses plans, réorganise son troupeau, l’abandonne même, pour partir à la recherche de sa petite brebis.
Un berger qui est entièrement dévoué pour elle, qui se met totalement à sa disposition : elle devient pour lui le seul centre d’intérêt, la chose la plus importante qui soit.
Et il la trouve !
Il y a là une scène que j’adore.
C’est quand Jésus retrouve sa brebis et qu’il explose de joie.
Il ne lui en veut pas, à aucun moment il n’est fâché contre elle.
Tout au contraire, il est joyeux !
Il est tellement heureux qu’il la met sur ses épaules.
Peut-être aussi parce qu’elle est affaiblie par l’épreuve qu’elle a traversée, il la porte pour qu’elle n’ait pas à marcher.
Quand elle était perdue, plus rien ne comptait pour Jésus que de la chercher.
Maintenant, plus rien ne compte à ses yeux, que cette brebis retrouvée et la joie de cette bonne nouvelle.
Jésus est entièrement présent pour elle.
On pourrait même dire que bien calée sur ses épaules, ils ne font plus qu’un !
Grâce à Jésus, la brebis devient quelqu’un d’unique.
Elle est même en quelque sorte l’unique brebis du monde.
C’est comme ça pour nous tous.
Jésus abandonne tout pour chacun de nous, pour être entièrement présent pour nous.
Chacun de nous est un être unique, l’unique être qui compte pour Jésus !
Et pour Élisa, pour chacun de ces enfants, pour chacun de vous, Jésus fait la fête !
Alors nous aussi réjouissons-nous !
Réjouissons nous d’être un être unique devant Jésus, d’être l’unique être, celui qu’il porte sur ses épaules dans les tourments de la vie comme dans les fêtes.
Élisa, pour Jésus tu es le seul être au monde et il s’en réjouit !
Et vous tous également, vous êtes le seul être au monde !
Mais rien ne dit dans le texte qu’il s’agit d’une jeune et frêle brebis qui s’est retrouvée par inexpérience dans un mauvais pas ou qui n’a pas su éviter le péril
Il s’agit peut-être d’un fort et puissant mouton ou d’un sage mouton expérimenté.
Rien ne dit non plus que ce mouton se soit perdu tout seul, comme si sa supposée faiblesse l’avait fait succomber à un danger ou l’avait empêché de rejoindre le troupeau.
Peut-être que notre mouton s’en est allé volontairement, qu’il en a assez de suivre bêtement ce troupeau, qu’il ne croit plus à ce berger qui les guide ni à tout ce qu’il raconte et qu’il a envie de vivre sa propre vie et d’en être le maître.
Le mouton ne s’est pas peut-être pas du tout perdu, il sait peut-être très bien où il en est.
Il veut juste vivre sa vie.
Je pense que c’est un mouton décidé et volontaire et non pas une frêle brebis.
Comme toute les personnes qui sont en dehors de nos Églises.
Qu’elles l’aient quittée, ou qu’elles n’y soient simplement jamais allées !
Certain d’entre vous sont peut-être comme ce mouton déterminé à diriger lui-même sa vie, ça fait bien longtemps que vous ne voulez plus suivre ce Jésus, celui que d’autres reconnaissent comme leur berger.
Et pour les autres, pour ceux qui emboîtent, comme ils peuvent, les pas de Jésus, cette histoire du berger qui laisse tout pour partir derrière le mouton déterminé, résonne pour nous comme un appel à lâcher notre troupeau, nos habitudes, nos fidélités, et à nous tourner vers l’extérieur.
La vie, c’est dehors, pas dans notre temple, pas dans notre liturgie !
Ce qui rend joyeux, c’est de se retrouver ensemble pour fêter une belle aventure.
Comme ce matin, qui est une fête.
Parce que c’est notre culte de rentrée, c’est à dire le moment où nous prenons l’engagement que nous repartons pour une année de joies et de découvertes, d’accueil et de tolérance parce qu’aucun des moutons du troupeau ne se ressemble, aucun n’en est au même moment du troupeau et chacun vit sa vie de son côté.
Il y a des personnes qui quittent le troupeau pour un temps ou définitivement, d’autres qui ne l’ont jamais connu, qu’importe !
Comme le berger, c’est pour eux que nous sommes là.
Pour partir à l’aventure derrière eux.
Si nous sommes une Église, ce n’est pas pour nous-mêmes, bien que nous en tirions parfois – heureusement – de grands bonheurs, si nous sommes une Église je crois que c’est pour ceux qui n’y sont pas !
Notre vocation c’est de nous réjouir avec ceux qui ne sont pas des nôtres, de les rejoindre, de parler leur langage, de les comprendre et de les porter sur nos épaules.
Le berger de cette histoire, brise les règle de l’entre-soi en abandonnant son troupeau et en partant sur les pas de celui qui n’appartient pas au troupeau.
Puisque chaque être humain est un être unique aux yeux de Dieu, nous n’avons pas besoin de rester entre nous, comme si c’était un club rassurant.
Avec la force que cette certitude nous donne, nous pouvons nous consacrer à l’extérieur, nous pouvons partir sur les chemins à la rencontre de ceux que jamais nous ne croiserons dans nos Églises !
Amen !
Plaisance, dimanche 22 septembre 2019, présentation d’Élisa Barbier-Mankarious — Pasteure Marie-Pierre Cournot