Qui m’appelle ?

Culte du 17 janvier 2021 – Prédication sur 1 Samuel 3,1-19 par la pasteure Marie-Pierre Cournot

Le texte biblique 1 Samuel 3,1-19

Les personnages et le résumé des épisodes précédents

La prédication :

Est-ce que certains d’entre vous se sont déjà retrouvés dans la position de Samuel ?
Samuel, qui se lève trois fois de suite à l’appel – croit-il – de son maître le grand-prêtre Héli, court auprès de lui et lui dit « je suis là », comme Abraham a dit quand Dieu l’a appelé.
Samuel, le petit garçon qui dans son émouvante naïveté ne comprend pas qui l’appelle.

Et nous est-ce que nous comprenons qui nous appelle ?
Comprenons-nous même qu’on nous appelle ?
Quand, dans notre vie, nous sommes-nous sentis appelés ?

Mais qui d’entre nous ne se sent-il pas proche aussi de Héli ?
Héli, l’adulte, le responsable.
Héli, ce grand prêtre d’un certain âge, plein de sagesse et de patience. En effet, il pourrait s’énerver que ce petit garçon vienne par trois fois le déranger, alors qu’il est déjà couché.
Héli, celui qui va révéler à Samuel que c’est Dieu qui l’appelle.
Mais est-ce que nous serions aussi aveugles, comme Héli qui ne peut plus voir lui-même les manifestations de Dieu ?
Ou sourds, comme Héli le grand prêtre, qui n’entend pas lui-même Dieu parler et à qui il a quand même fallu trois fois pour comprendre que c’était Dieu qui appelait Samuel …

À l’époque de l’enfance de Samuel, le pays est à l’image du vieux Héli qui a la vue basse et peut-être l’ouïe plus tellement fine. Plus personne n’entend Dieu parler, et plus grand monde ne le voit : ce sont des images pour dire que le peuple s’est éloigné de Dieu.

Et voilà que dans le sanctuaire de Silo, il y a un petit garçon, Samuel.
On n’est pas très étonné que Dieu choisisse un petit enfant pour faire passer sa parole … ça arrive à d’autres endroits dans la Bible.
Et on n’est pas très étonné que Dieu ne se décourage pas devant l’incompréhension et les allers-retours de Samuel. Heureusement Dieu ne s’arrête pas quand nous allons nous recoucher ou quand nous n’avons pas compris !

C’est Héli, finalement qui comprendra ce qui se passe. Qui traduira la situation et découvrira que Dieu se cache derrière les réveils intempestifs du petit Samuel. Samuel, lui dans sa naïveté et sa candeur, n’avait rien deviné. Sans l’intervention de Héli, je ne sais pas si Samuel aurait fini par comprendre tout seul. Je pense même que non. 
L’intervention d’un tiers dans l’appel que l’on reçoit est souvent capitale. Pas indispensable mais souvent capitale.
Parfois d’ailleurs on croit que tout s’est fait tout seul sans aucun tiers, tellement ce qui compte c’est l’appel qu’on a reçu et pas tellement le moyen par lequel on l’a entendu.
N’empêche, si Héli n’avait pas été là, Samuel en serait encore à se lever et aller se recoucher. C’est la foi de Héli qui permet à Samuel d’entendre Dieu.

Nous qui sommes assis sur ces bancs dans le temple, ou chez nous dans nos fauteuils, nous avons tous reçu un appel.
Pas tous le même, ni au même moment, ni pour faire la même chose. Mais tous un appel qui nous a fait bouger, comme Samuel, et nous a mis en chemin pour participer à ce culte.
Je ne sais pas comment ça s’est passé pour chacun d’entre vous, si vous avez su tout de suite de quoi il s’agissait, si quelqu’un vous a mis sur la voie, si vous vous y êtes repris à trois fois comme Samuel, voir plus de fois encore en allant vous recoucher à chaque fois …

Je crois que nous sommes tous des petits ou des grands Samuel.
Trois fois sur quatre on ne comprend pas ce que Dieu veut de nous, on ne comprend d’ailleurs même pas qu’il nous parle. Et on retourne se coucher. 
Parfois on entend l’appel mais on a du mal à comprendre. L’appel se fait question, ou remise en question.

Il y a des fois, c’est vrai, où on n’a rien d’autre à faire que d’aller se recoucher. Il y a des fois où ce n’est pas le moment.
Certains connaissent l’histoire classique de cette imaginaire paroissienne âgée qui était convaincue que tout ce qui arrivait était volonté du Seigneur. Alors une nuit d’insomnie, elle se dit : « Certainement le Seigneur me tient éveillée exprès pour que je me plonge dans les Écritures et que je médite sa Parole ». Elle ouvre sa Bible au hasard, tombe sur le livre de Samuel et lit « Retourne te coucher ! ».
Dieu reste le maître du moment, du mouvement.


À quel moment dans notre vie Dieu nous a-t-il appelés ?
Dieu nous appelle-t-il aujourd’hui ?

Je pense que très souvent il y a un – ou des – Héli sur notre chemin.Un Héli qui décode l’appel, qui le rend plus explicite.
Un tiers. Un témoin.
Par exemple, prenons la Bible. Imaginez, tous ces tiers et ces témoins qu’il a fallu pour que nous sentions un appel en lisant la Bible aujourd’hui ?
Cela fait près de 30 siècles que des témoins, le plus souvent anonymes, servent de petit maillon à la longue chaîne qui fait que ces textes ont du sens pour nous aujourd’hui.
On a besoin de tous ces témoins qui nous précèdent depuis l’éternité pour entendre Dieu nous parler aujourd’hui.
Et puis peut-être que quelqu’un un jour, en vous donnant une Bible ou dans un autre contexte, vous a dit « Écoute, Dieu te parle ».

Et nous, est-ce que nous pourrions être un maillon de cette chaîne ?
Jouer le rôle de Héli ?
Est-ce que nous pourrions être ce tiers pour quelqu’un ? Ce témoin ? C’est-à-dire se mettre en retrait devant la Parole que Dieu adresse à un autre ?
Parce que Héli quand il comprend que c’est Dieu qui parle, il n’essaye pas d’écouter ce que Dieu dit, il n’essaye pas de capter la parole pour lui. Ni d’en tirer un bénéfice quelconque alors qu’il sait déjà que sa vie est menacée.
Non, il éclaire Samuel, puis il s’efface. Avec beaucoup de douceur, il met Samuel sur le chemin que Dieu a fixé pour lui, sans jamais se mettre entre eux deux. Grâce à Héli, c’est Samuel qui reste le sujet en face de Dieu.
Ce qu’Héli fait de miraculeux, c’est de s’effacer.

C’est Dieu qui choisit quel sera le chemin de chacun.
Parfois on aimerait bien avoir notre mot à dire !

Et quand Samuel, grâce à Héli, comprend finalement, il dit « Parle, ton serviteur t’écoute ». La parole est du côté de Dieu. L’appelé écoute.

C’est comme l’Église. L’Église est la première appelée. Elle n’a qu’à écouter et se mettre au service. La richesse de l’Église, ce n’est pas la parole qu’elle proclame, c’est la parole qu’elle reçoit. Elle est le tiers, le témoin, au service de Dieu.
L’Église croirait-elle que c’est elle qui choisit qui elle appelle, et bien elle se tromperait ! l’Église reçoit ceux que Dieu lui envoie.

Samuel lui-même, sera le tiers et le témoin pour d’autres. Peut-être pas pour ceux qu’il aurait voulu ou ceux à qui il s’attendait, comme ses enfants. Samuel passera le témoins à d’autres qu’il n’a pas choisis, hors de sa famille, puisque ses propres enfants ne feront pas mieux que ceux de Héli, eux non plus ne suivront pas la voie de leur père et ne seront attirés que par le profit.
Samuel sera celui qui oindra Saül puis David comme rois d’Israël. Ce petit garçon est en quelque sorte celui qui va rendre royale la lignée davidique. Cette royauté humaine va prendre la place et les attributs qui étaient jusque là ceux de Dieu. Dieu accepte en quelque sorte à condition que Samuel surveille cela de près. Ce n’est pas une tâche facile pour ce pauvre Samuel !

Déjà à Silo, quand Dieu parle au petit garçon, il lui annonce que tout autour de lui va exploser !
La famille de Héli, le grand prêtre du sanctuaire, celui qui l’a élevé depuis qu’il est petit, cette famille sera exterminée en raison de la faute des fils et de l’indulgence du père à leur égard.
Ce n’est pas une révélation facile à faire pour un petit garçon ! Et pas une annonce facile à faire !
D’ailleurs le lendemain il a très peur d’annoncer ça à Héli.
Et il faudra, là encore, toute la sagesse du vieux prêtre pour donner confiance à Samuel et lui permettre à son tour d’avoir une parole. Là encore Héli a joué son rôle de tiers en permettant à Samuel de devenir lui-même témoin en parlant.

Dans le brouhaha qui nous entoure, le vacarme ou le silence de nos vies, une parole nous est adressée.
Juste pour toi.
Elle arrive parfois par des moyens détournés ou des personnes improbables, mais elle est pour toi.
C’est une parole vivante qui ne demande qu’à bouger, à grandir, à se déployer, à se déplacer.
Entre tes mains, elle va devenir appel pour d’autres.

Alors, écoute, Dieu te parle !

Amen

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